22 Dec 2013
Cet après-midi, les Calaisiens pourront assister à un spectacle d’ours. Frédéric Chesneau et Valentin, son animal, feront le show sur la place d’Armes. Si l’événement hérisse le poil de quelques associations, l’éleveur se défend de tout acte de maltraitance envers ses ours. Bien au contraire.
Frédéric Chesneau cohabite avec ses 150 animaux. Des chiens, des chevaux et des chèvres. Mais aussi des ours, des rapaces et des dromadaires. Un refuge qu’il qualifie d’un « havre de paix ». Cet après-midi, les Calaisiens pourront découvrir Valentin, son ours noir du Canada.
Mais des voix s’élèvent contre ce spectacle inhabituel. Des associations de protection des animaux dénoncent l’événement. La routine, pour Frédéric Chesneau. « J’entends la même chose toutes les semaines, depuis quinze ans. C’est ridicule. » L’ours est un animal sauvage, certes. Mais l’éleveur tient à clarifier la situation. « Valentin est né aux États-Unis. Là-bas, les ours sont du gibier : on les abat comme des sangliers. A six mois, je l’ai sauvé de la mort : il était destiné à être tué pour sa fourrure. » L’éleveur possède également Julia, une femelle âgée de treize ans. « Je l’ai récupérée dans un zoo en Belgique. Ils avaient trop de naissances et devaient normalement abattre les petits. » Un singe retiré à des particuliers, des rapaces blessés, des perroquets abandonnés… Frédéric Chesneau le crie haut et fort : « J’ai 150 animaux chez moi, je les ai tous sauvés de la mort. » L’homme déboute l’argument des associations, selon lequel ses bêtes vivent enfermées, ou sur la route toute l’année. Il possède un refuge de neuf hectares à Bougy-les-Neuville, près d’Orléans. « Les visites sont interdites, pour que les animaux soient au calme. Les spectacles avec mes ours me permettent de faire vivre le refuge. En tout, Valentin et Julia sortent une cinquantaine de jours par an. » Les menaces de manifestation ne lui font pas peur. « Les associations se trompent. Ils pensent que mes ours ont les griffes arrachées ou les dents limées. Mais une fois sur place, ils se rendent compte que ce n’est absolument pas le cas. Je suis d’ailleurs soutenu par la SPA et surveillé par les services vétérinaires. Mon centre est l’un des rares qui puissent accueillir et soigner autant d’animaux. Alors si je n’existais pas, à qui les confierait-on ? » D’après l’éleveur, toutes les consignes de sécurité sont respectées pour que le spectacle se déroule dans de bonnes conditions. « Valentin est né au milieu des humains. Le public ne lui fait pas peur. Mais il sera entouré de barrières et d’une clôture électrifiée comme le veut le ministère de l’Environnement. » Sa seule inquiétude : que les éventuels manifestants perturbent le spectacle avec des cris ou des sifflets. « Parce qu’ils risqueraient d’énerver mon ours. Et là, c’est moi qui déposerais plainte pour cruauté envers les animaux et mise en danger de la vie d’autrui. » Julie HAMEZ
Vos réactions sur www.nordlittoral.fr Frédéric Chesneau et Valentin présenteront leur spectacle cet après-midi sur la place d’Armes. Celui-ci aura lieu à 15 heures et 16h30.
« L’ours reste un animal sauvage »
L’association Cause animale Nord (CAN) et la fondation Brigitte Bardot ont interpellé la municipalité pour faire annuler le spectacle. Sans succès. La sous-préfecture n’a par ailleurs pas validé la déclaration de manifestation. Antony Blanchard, président de CAN, s’indigne.
Pourquoi vous opposez-vous au spectacle de Frédéric Chesneau ?
« Nous dénonçons l’exploitation des animaux au profit des êtres humains. Les ours ne sont pas des clowns, ils n’ont pas à être trimbalés sur la route, dans des cages de transport. Ce ne sont pas des conditions acceptables. Un ours est un animal sauvage et doit le rester. » La sous-préfecture n’a pas autorisé votre manifestation. Serez-vous tout de même présents ce dimanche après-midi ?
« Nous manifestons partout en France, et nous n’avons jamais de problème. Là, nous ne savons pas pourquoi, mais la sous-préfecture a jugé que notre déclaration n’était pas conforme. Nous en avons donc envoyé une seconde au secrétaire général : elle est restée sans réponse. Mais nous serons quand même une cinquantaine de membres de différentes associations, dimanche à Calais, notamment pour sensibiliser les visiteurs. » Avec la fondation Brigitte Bardot, vous avez également interpellé Natacha Bouchart… « Oui, mais nos demandes sont restées lettre morte. Et ce n’est pas la première fois. Nous sommes déjà intervenus à Calais pour un problème de chats, et nous n’avons jamais eu de réponse. Mais ça ne nous arrêtera pas : nous sommes en démocratie et nous avons le droit d’exprimer nos idées. » Propos recueillis par J.H.
Nord Littoral