08 Feb 2014
Entrez dans la bande !
Pendant deux mois et demi, les carnavaleux se retrouvent, se « reconnaissent »… L’âge, le travail, la classe sociale n’ont pas d’importance dans la Bande. On peut être des proches au carnaval et ne pas se fréquenter dans la vie, se faire des zôt’ches et ne pas se reconnaître dans le civil. Le carnaval est une grande famille et il n’est pas question de manquer ce rendez-vous. Il est néanmoins important de savoir où l’on met les pieds : respect de la tradition, connaissance des chansons, des « règles » pour trouver progressivement son costume, sa place dans la bande.
Un peu d’histoire
Difficile d’expliquer pourquoi cette tradition ancienne a survécu, ni le succès sans cesse renouvelé de ce grand rassemblement populaire. Si les origines se perdent dans la nuit des temps, certaines affirment que les premières « bandes des pêcheurs » seraient liées aux fêtes données par les armateurs avant leur départ pour l’Islande. Toutefois, vers la fin du XVIIIe siècle, les armateurs commencent à se désengager vis-à-vis de cette coutume et les marins profitent alors de l’aubaine que représente le temps du carnaval pour anticiper leurs journées récréatives. Dès le début du XIXe siècle, le port de Dunkerque affiche déjà l’un des carnavals les plus originaux de France.
La cohue des masques !
Pendant que les tambours battent le rappel, l’énorme pagaille s’organise. Les masquelours, méconnaissables sous leurs maquillages bariolés, se prennent bras dessus, bras dessous pour former des lignes. Les places du premier rang sont très convoitées car c’est là que l’engagement physique va être le plus complet ; c’est aux premiers rangs qu’appartient le privilège de protéger les musiciens de la foule
qui les suit.
Au signal du tambour-major situé à l’avant-poste, fifres et tambours entament le rigodon d’honneur qui servait de rassemblement aux soldats de l’Empire. La foule compacte saute en cadence, on pousse déjà pour mettre les premières lignes à l’épreuve. Le tambour-major, à la tête d’une soixantaine de musiciens vêtus du ciré et du suroît jaune des pêcheurs, ordonne que cesse le rigodon afin que les fifres reprennent des airs traditionnels de marche connus de tous. Le cortège s’ébranle.
Déformée par les poussées soudaines, la cohue des masques avance en chantant, en hurlant plutôt dans les premiers rangs ! Durant quatre heures, la visscherbende déferle sur la ville comme une vague de fond au rythme des chahuts, des arrêts obligés des musiciens et des rendez-vous incontournables.