Sinik, le rappeur au grand coeur…

Sinik, le rappeur au grand coeur…

Sinik, le rappeur au grand coeur…

Sinik nous a donné rendez vous dans le 20ème arrondissement de Paris, à l’occasion de la sortie de son 5ème album La Plume et Le Poignard. Il nous parle donc de ses inspirations, de sa vision sur l’actualité…

Salut Sinik, tu sors donc ton 5ème album, celui ci est moins agressif que les précédents. Quelle a été ta principale inspiration?

C’est la même depuis le début, parler de notre quotidien, parler des thèmes qui parlent à tout le monde, représenter les gens. J’aime parler des problèmes que l’on peut trouver. C’est un mélange de beaucoup de choses. Je ne peux pas commencer un album en me disant « tiens mon inspiration, ça va être ça!« . Il y a tellement de choses à dire, tellement de morceaux sur lesquels on a envie de travailler. Pour te donner un ordre d’idées, le morceau 16 vérités avec Médine, ça faisait 3 ans, que je l’avais en tête. Dès fois, tu as des idées qui resurgissent, mais l’essentiel, c’est d’avoir de l’inspiration en général.

Mais, j’ai l’impression que tu parles moins de toi, de ton passé aux Ulis…

Comme tu dis, j’ai fait beaucoup de chansons parlant des Ulis comme Rue des Bergères, Une Époque Formidable. Dans tous mes albums, il y a une ou deux chansons s’y référant. Mais j’y ai fait une petite allusion quand même car à la fin d’un titre, je parle de la Rue des Bergères. Mais il est vrai, que je ne peux pas faire 5 albums parlant du quartier, de la rue. À un moment, il faut évoluer, dans la vie de tous les jours on grandit, on prend en maturité, en vécu… On se sert de tout ça pour essayer de faire en sorte que les albums ne se ressemblent pas. Même si on garde la base, on essaye toujours d’apporter quelque chose de nouveau.

Depuis combien de temps, travailles-tu sur cet opus ?

J’ai passé 15 mois en studio mais j’ai fait 3 mois de travail en amont à mettre des thèmes de côté, stocker des instru; pour que le jour où je démarre mon album, j’ai une base de travail.

As-tu un rituel d’écriture ?

Je me roule un ptit joint, je me pose sur mon balcon, j’ai l’instru à côté de moi. Lorsque je suis sur mon balcon, je réfléchis beaucoup. C’est une routine d’écriture.

Est-ce que le paysage environnant t’inspire ?

Pas du tout, car en face de chez moi, je ne vois que des courts de tennis (rires). Donc si je m’inspirais de ça, j’écrirai des morceaux que sur le tennis 🙂 Je m’inspire surtout de mon vécu, de ce que je connais. L’inspiration, c’est uniquement dans la tête, il ne faut aller la chercher super loin. La vie est un vivier, il faut juste aller pêcher dedans.

Les instru viennent tout le temps avant la phase d’écriture ?

Non, c’est aléatoire!

Donc tu es autant impliqué dans l’écriture que dans les instru ?

Bien sûr! Même si je compose pas, je « drive » la composition en donnant mes indications. On rejoue beaucoup de mélodies en studio avec des musiciens, pour apporter à l’instru ce côté musical. Mais je suis également très impliqué dans le choix de la pochette. Tout est important.

Tes 3 premiers albums ont cartonné dans les charts, ton 4ème un peu moins. Qu’attends-tu du nouveau ?

Tu sais, je suis arrivé à un stade où j’attends juste qu’il soit bien accueilli plus que les chiffres. Les gros scores, j’ai déjà fait. Le 4ème, on a fait un peu moins mais on est quand même arrivé disque d’Or, ça fait relativiser le pseudo échec. Il y a bien plus grave dans la vie. Du moment que mon public kiffe l’album, c’est le principal. Je suis ouvert à la critique, si quelqu’un me dit honnêtement qu’il n’a pas trop aimé l’album, je le prendrais même si cela fait mal. Pour l’instant, l’album est sorti hier (lundi, ndlr), on a de bons retours et il est N°1 sur iTunes.

Penses-tu que tu as déjà choses encore à prouver ?

Oui et Non, j’ai envie de te dire. Oui parce que je ne sais pas pourquoi je serai encore dans le milieu musical et en même temps Non car j’ai du vécu avec mes 4 précédents albums et j’ai déjà démontré de quoi, je suis capable.

Et cette rivalité avec Booba, qu’on peut retrouver sur l’album…

C’est une rivalité créée par les média. À la base, il n’y avait aucun rivalité, je ne le connaissais même pas. On a fait un clash qui date de 5 ans, ça commence à dater. Nous sommes 2 opposés humainement, artistiquement. Il est rap US et moi français. Ce n’est pas un reproche, juste une constatation.

Peut-être que vous étiez associés parce que vous étiez des blockbusters du rap en France…

Aussi, et puis le clash a marqué. Donc, il a des antécédents. Les gens restent scotchés dessus. Pour info, il n’y a jamais rien eu, nous nous sommes déjà rencontrés plusieurs fois et il n’y a pas d’histoire.

Que penses-tu de la nouvelle génération du rap français ?

Il y a de bonnes choses. Après tout n’est pas à prendre. Tant que de nouvelles têtes émerges, le rap se renouvelle. Après, j’ai mes propres goûts. J’aime la F.A.B, Sexion D’assaut, même si c’est différent de mon univers. Il y en a pour tout le monde et c’est l’essentiel.

Te considères-tu comme un « Padre » du Rap ?

Pas du tout, je suis juste le padre de ma fille, ça me suffit. Je suis juste un artiste qui fait du rap, qui existe mais je ne revendique pas une place de N°1. Tout ce que je veux, c’est faire de bons albums, que les gens adhèrent aux messages.

Avec qui aimerais-tu faire un feat ?

Zazie. Il faut que j’arrive à l’avoir pour mon prochain album. C’est innovant car j’aime me frotter à un univers qui n’est pas forcément le mien. Je l’avais fait à l’époque avec James Blunt, les gens avaient été supris car nos univers n’étaient pas très proches. Mais lorsque tu écoutes le morceau, on est relativement similaire. Zazie est une femme qui a une très belle plume, c’est une vraie parolière. J’ai appris à découvrir sa musique comme Adam & Yves; elle a de vrais concepts.

Je tiens à parler de l’actualité avec toi, concernant la violence urbaine qui est très présente. On a eu encore le cas ce week end. Quel est ton point de vue sur cette montée en puissance de la violence ?

Il faut dire qu’à mon époque, nous étions des délinquants, des ptits voyous, pas extraordinaires. Ce que je constate, c’est qu’actuellement les jeunes font les mêmes conneries que nous mais 5 ou 6 ans plus tôt! C’est assez inquiétant car ils ont une certaine avance sur la délinquance. Mon constat est simple. On a laissé des gens dans des quartiers sans se soucier d’eux. Maintenant, on en paye le prix. Ces gens là ont fait des enfants et ceux-ci ne veulent pas vivre comme leurs parents à travailler toutes leurs vies, pour la France. Je voix mon père, il n’a plus de dos, à force de travailler, sa retraite est pourrie. Ces gens là ont bossé 40 ans, pour avoir 1000 euros de retraite par mois, pour les plus travailleurs. La nouvelle génération ne veut pas vivre comme ça, ils ne veulent pas devenir des moutons, ne pas souffrir pour les autres. Beaucoup d’entre eux veulent se débrouiller eux-même qu’ils partent à droite, à gauche. Ils ont grandi dans la débrouille, sans l’aide de personne. On n’appartient pas à la génération de « l’argent de poche », c’est plutôt l’inverse. La délinquance vient de là. À l’époque, ces gens qui ont été mis dans ces quartiers, la France en avait bien besoin et aujourd’hui ils sont totalement oubliés. Les gens ont pris de mauvaises habitudes, la nouvelle génération a grandi à sa manière et c’est devenu un problème. C’est un travail qui se fait en permanence. Ce n’est pas la personne qui est en charge de la France qui fera quelque chose mais c’est un vrai travail à faire au sein du quartier en les impliquant, en leurs donnant des responsabilités…Après, je ne dis pas que cela fonctionnera avec tout le monde.

Quel est l’avenir proche pour Sinik ?

Je vais bientôt entamer une tournée canadienne puis française pour finir le 26 Janvier au Zenith de Paris.

Et dernière question, quand est-ce que Thomas est devenu Sinik ?

Au risque de te décevoir, il n’y a pas vraiment de différence. J’essaye d’être le même tout le temps. Mes potes m’appellent SInik par habitude mais en vrai, ils me connaissent en mode Thomas. Je ne pense pas qu’il y a deux personnes différentes. Vous pouvez m’appeler Thomas ou Sinik, c’est la même 🙂

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